par Panu Wongcha-um, Orathai Sriring et Panarat Thepgumpanat
La Thaïlande et le Cambodge se sont à nouveau accusés mercredi d'attaques réciproques contre des civils le long de leur frontière commune alors que le président américain Donald Trump a dit son intention d'appeler les dirigeants des deux pays pour mettre fin à ces combats et préserver le cessez-le-feu conclu sous son égide en juillet.
Chacun des deux voisins d'Asie du Sud-Est impute à l'autre la reprise des combats lundi après des mois de tension autour d'un différend frontalier de longue date.
Interrogé sur la perspective d'une nouvelle intervention de Donald Trump dans ce conflit, un porte-parole du gouvernement thaïlandais a dit qu'aucune discussion n'avait eu lieu jusqu'à présent avec le président américain et que la position de son pays consistait à ce que des négociations ne soient pas l'initiative d'un tiers.
"Cela ne devrait pas commencer avec un médiateur, mais cela doit commencer par le fait que le Cambodge change de position, cesse de menacer la Thaïlande et réclame officiellement des négociations avec la Thaïlande", a dit Siripong Angkasakulkiat à Reuters.
Pen Bona, porte-parole du gouvernement cambodgien, a dit que la position de son pays était inchangée, à savoir qu'il ne veut que la paix et ne fait que se défendre.
Lors d'un meeting mardi en Pennsylvanie, Donald Trump, après avoir énuméré les conflits auxquels il prétend avoir mis fin à travers le monde, a laissé entendre qu'il allait à nouveau intervenir entre la Thaïlande et le Cambodge.
"Je déteste citer celui-là, à savoir Cambodge-Thaïlande, et il a commencé aujourd'hui, et demain je vais devoir prendre mon téléphone", a dit le président des Etats-Unis.
"Qu'est-ce que je peux dire de plus 'je vais passer un coup de fil et arrêter une guerre entre deux pays puissants, Thaïlande et Cambodge'?", a-t-il ajouté.
Citant des motifs de sécurité et l'inquiétude de leurs familles, le Cambodge a retiré mercredi ses athlètes des Jeux d'Asie du Sud-Est en Thaïlande.
ÉVACUATIONS MASSIVES DE CIVILS
L'armée thaïlandaise a déclaré que des missiles BM-21 tirés par le Cambodge avaient atterri mercredi à proximité de l'hôpital Phanom Dong Rak dans le district de Surin, contraignant le personnel et les patients à évacuer vers un abri.
Des drones, des lance-missiles et des chars ont aussi été engagés en d'autres points de la frontière, notamment aux abords du temple de Preah Vihear, l'un des sites au coeur du différend entre les deux pays, a ajouté l'armée thaïlandaise.
L'armée cambodgienne a pour sa part accusé la Thaïlande d'avoir attaqué la province de Pursat à l'aide de tirs d'artillerie et de drones et d'avoir tiré des obus de mortier contre des habitations dans la province de Battambang. Elle a aussi déclaré que des chasseurs F-16 étaient entrés dans l'espace aérien du Cambodge et avaient largué des bombes à proximité de zones civiles.
Donald Trump a eu recours en juillet à la menace de droits de douane pour inciter les deux pays à conclure un cessez-le-feu après cinq jours de combats ayant fait au moins 48 morts.
Sihasak Phuangketkeow, ministre thaïlandais des Affaires étrangères, a déclaré mardi à Reuters ne pas penser que la coercition commerciale soit un moyen d'amener son pays à la table des négociations.
La Thaïlande a suspendu en novembre les mesures de désescalade convenues le mois précédent lors d'un sommet en présence de Donald Trump après la mort de l'un de ses soldats tué par une mine. Selon Bangkok, cette mine a été récemment posée par le Cambodge, qui affirme au contraire qu'elle est un vestige d'un précédent conflit autour du tracé de la frontière.
Les deux pays disent avoir dû évacuer des centaines de milliers de civils des abords de la frontière. Des habitants préfèrent toutefois rester en espérant éviter les combats.
"Je dois rester", dit Wuttikrai Chimngarm en s'accroupissant derrière un mur de fortune formé de pneus empilés les uns sur les autres tandis que résonnent les bombardements dans la province thaïlandaise de Buriram.
"Je suis le chef du village, si je ne reste pas, alors qui? Qui protégera les maisons et les biens des villageois des pillards?", demande-t-il.
De l'autre côté de la frontière, les habitants ont fui le village contesté de Kaun Kriel, au nord de Samraong, dès la reprise des combats lundi.
"C'est la deuxième fois que je pars parce que l'endroit où je vis (...) a été attaqué les deux fois", dit Marng Sarun, un moissonneur de 31 ans fuyant avec sa femme et ses deux enfants.
(Artorn Pookasook à Sa Kaeo, Thailand, et Chantha Lach et Thomas Suen à Samraong, Cambodge, avec Jarrett Renshaw en Pennsylvanie, rédigé par John Mair, version française Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault)

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